Techniques de gravure

Michel Bégon

Michel Bégon (1638-1710), l’explorateur des Amériques

Michel Bégon, dit « le Grand Bégon », est né à Blois le 25 Décembre 1638 et est mort à Rochefort le 14 Mars 1710. Il était intendant de la marine au port de Rochefort et intendant de la généralité de La Rochelle. Son grand-père (Michel Bégon III) était conseiller du roi, tout comme son père (Michel Bégon IV), qui était aussi receveur des tailles à Blois et commissaire des guerres. Son parcours a commencé, en 1677, avec un premier poste à Toulon. Colbert l’y envoie pour servir de commis au trésorier de la marine. A partir de 1680, il est commissaire à Brest, puis au Havre. En 1682, posté aux îles d’Amérique, puis à Marseille en 1685, il devient intendant des galères. Il achève sa carrière à Rochefort après son arrivée en 1688.


Bégon cultivait une passion pour les sciences, les lettres ainsi que la botanique. Sa bibliothèque était constituée de sept mille ouvrages et ses collections comprenaient des objets aussi divers que des dessins, des estampes, des antiques et des médailles. En témoigne l’inventaire réalisé après sa mort.
La figure de Bégon est connue essentiellement pour ses grands travaux d’aménagements de la ville de Rochefort (réaménagement de l’arsenal ; création de l’établissement des orphelines de la Marine, sorte d’hôpital de la charité ; hôpital-école des mousses…), pour lesquels il a reçu un hommage posthume de la part des Rochefortais (discours prononcé sur sa tombe par M. Bonnet de Lescure, le 17 Novembre 1839). Également passionné de botanique, il avait créé le premier jardin botanique, en 1697, à Rochefort, derrière le premier hôpital de la marine, à l’emplacement actuel de la cour de l’ancienne caserne Charente.

Le savoir acquis par Bégon dans le domaine de la botanique est sans conteste le reflet de ses étroites relations avec nombre d’érudits (lettrés, collectionneurs et scientifiques du monde entier), dont Esprit Cabart de Villermont (1628-1707). Intendant de la marine aux Amériques, il avait également gardé un contact avec le milieu scientifique, notamment aux Antilles. Son intérêt pour les végétaux eut un déploiement important au cours de sa rencontre avec le Père Charles Plumier (1646-1704), féru de plantes, ainsi qu’avec le botaniste Joseph-Donat de Surian (mort en 1691). Plumier entreprit trois voyages aux Amériques (1689, 1693 et 1695) pour explorer une flore partiellement inconnue.

Il a publié, en 1703, un catalogue raisonné, Nova plantarum americanarum genera (Description des plantes de l’Amérique), accompagné de gravures représentant les différents végétaux identifiés sur ces terres. Ses illustrations sont tirées d’études faites sur le vif, au cours de ses voyages. Á partir de ces recherches étaient réalisées les planches de cuivres pour la gravure et la création de l’ouvrage. On ignore cependant la nature du travail d’interprétation effectué par le graveur ainsi que sa relation avec le dessinateur, ici Charles Plumier. Plumier témoigna de toute son estime envers Bégon en lui dédiant un genre de plantes d’Amérique, très connu de nos jours, auquel il a donné le nom de Bégonia.

La position de Bégon dans l’avancement des recherches sur la botanique est double : à la fois exceptionnelle car il a été porté par le retentissement qu’eurent les travaux de son accompagnateur Plumier et à la fois commune, si l’on replace dans le temps et l’espace ses voyages et le travail issu de ses rencontres. Nous ne saurions toutefois amputer à la mémoire de cet homme la postérité de ses ouvrages à Rochefort et la douce renommée florale du Bégonia.

Ludovic Dubois et Pauline Cantin